« Utérus, Salope et Dépression nerveuse est un ensemble de monologues résolument féministes et une palette de rôles féminins.
J’ai écrit ces monologues avec la volonté de composer des morceaux de théâtre intéressants pour une ou des comédiennes. J’ai mis en mots ce que j’aimerais jouer, ce que j’avais envie d’interpréter sur scène, et aussi ce que je voudrais lire ou voir.
C’est donc bien de théâtre dont il s’agit, d’inventions imaginaires… de rôles… C’est là que la fiction et la réalité se rejoignent. Car « le rôle de la femme » s’entend, se débat, se construit en dehors de la scène théâtrale. Le ou les rôles qu’on veut lui faire endosser – que la société, le père, le mari, sa propre sœur ou la voisine lui imposent – et qui se jouent tous les jours sous nos yeux…. La mère, l’amante, la femme d’intérieure, la carriériste, la mal-baisée, la vieille, la jeune, la belle, la moche… la liste est longue et ce spectacle se propose de faire voler en éclats ces clichés, d’aller toujours au-delà de la caricature, du stéréotype, de l’emploi facile.
C’est un spectacle féministe car il revendique les droits de la femme, l’égalité homme-femme, le respect de l’humain et parce qu’il cherche à dénoncer le sexisme de notre société, le formatage qu’on nous inflige dès le plus jeune âge, la manipulation, les tabous et les injustices.
Les thèmes se bousculent : la misogynie « ordinaire » et quotidienne, le viol, l’hypersexualisation des petites filles, le droit à l’avortement, la gestation pour autrui, la maternité, le mariage, la parité, la chirurgie esthétique, la servitude de la femme… Mais attention ! Les femmes, ici, ne sont pas que des victimes.
Elles sont tantôt fragiles et fortes, tantôt lucides et naïves… Elles sont intelligentes, passionnées, elles s’empêtrent parfois dans leurs contradictions et se rendent complices des injustices qu’elles subissent… elles refusent le paternalisme, elles se révoltent, elles cherchent, elles se trompent et comme les hommes elles sont capables du meilleur et du pire.
Elles ne sont pas pour autant ces sorcières, incarnations du mal, qu’à toutes les époques certains ont voulu exterminer, sans réussir à les faire taire.
Elles prennent la parole, dans une scénographie minimaliste et dépouillée, le noir des costumes, le blanc de quelques accessoires… et les visages et les corps des comédiennes, leurs voix qui s’élèvent pour habiter la scène, pour susciter un monde, sans autres artifices.
Le théâtre est le lieu idéal pour faire entendre leurs voix, comme autant de visages et d’histoires qui se présentent aux spectateurs. Ce ne sont pas seulement des personnages, chacune et chacun peut y reconnaître une amie, une collègue, une maman, une sœur, ou soi-même… Ces femmes existent. Pour les rencontrer, chaque spectateur fait sa part du chemin, dans l’appropriation, la projection, l’identification, il crée tout autant que l’auteur, la metteur en scène et les comédiennes réunies. Il est actif. Car c’est ce dont nous avons besoin, d’êtres sensibles, pensants et actifs.
Il ne s’agit ni d’un drame, ni d’une comédie. Pleurer, oui, rire aussi, se révolter, se questionner, être touché. Il s’agit d’émouvoir, du latin « emovere », mettre en mouvement, remuer. C’est pour ça que nous serons là, au rendez-vous. Car nous n’avons nulle autre ambition que de nous émouvoir ensemble, avec vous, un moment. »